ATTENTION, VOUS NE TROUVEREZ PAS CE LIVRE EN LIBRAIRIE !!!

 

J'ai beaucoup écrit sur ma ville, Casablanca, et particulièrement sur la période trouble des années d'indépendance, période charnière, propice à des bouleversements rapides, mettant en scène des personnages dont le destin leur échappe et les plonge dans la tragédie. Beaucoup de ces livres sont aujourd'hui épuisés, introuvables en librairie.

 

D'un commun accord, les droits d'édition m'ont été restitués et je les ai rassemblés dans ce gros ouvrage  : "SUITE MAROCAINE", des Editions La Palmeraie (Auto-Edition).

 

Leur choix a été dicté par une règle, celle des trois unités.

Unité de temps = la fin des années cinquante.

Unité de lieu = le Maroc.

Unité d'action = le polar.

 

Trois romans (55 de fièvre, Piano Barjo, Angelina B.).

Trois nouvelles (Le chèque, Polaroïd, Une fille, une bouteille).

Trois récits autobiographiques (Le jinome de Casablanca, Une femme d'une étourdissante beauté et Cargos, rafiots, tramps et autres patouillards des mers),

réunis en un seul volume.

 

  (24 EUROS, PORT COMPRIS).

Préface de Chantal Pelletier  :

La présente édition propose neuf textes de Tito Topin au Maroc.

Neuf voyages en lumière noire et en couleurs.

Trois récits autobiographiques.

Trois nouvelles.

Trois romans.

Équilibre involontaire des chiffres.

Équilibre des formes narratives. De l’autofiction à la dure fiction du futur, du plan court au travelling, du gros plan au panoramique. Au bout du compte, un film. Reconstitution à gros budget pour du cinéma d’auteur couvrant sept décennies d’une région du monde qui dit trois continents : l’Afrique, l’Europe, l’Amérique.

Équilibre d’un itinéraire filant de la Méditerranée vers les mers de sable là où le soleil cogne plus droit. Le long-métrage qui commence à Berkane, plein nord du territoire, à deux clics de souris de la frontière algérienne, se termine neuf histoires plus tard dans une dune de l’outre-sud…

Équilibre chronologique pour la radiographie d’une société en décomposition dont les espoirs les plus légitimes se perdent dans les poussières du désert. Le temps qu’un môme devienne grand, tout a changé, les hommes, les lois, le pouvoir, les noms, la langue…

Un autre monde est né.

Sans transition, et sans entracte… mais en trois coups de théâtre pour une pièce en trois actes :

Après les récits autobiographiques d’enfance et d’adolescence, (Une femme d’une étourdissante beauté, Le jinome de Casablanca, Cargos…), place aux sombres fictions où l’Histoire et la politique poissent les destins adultes (Le chèque et Une fille, une bouteille, nouvelles sur lesquels règnent l’arnaque, la duperie, la trahison, la corruption et le marché… forcément noir, autant d’ingrédients annonciateurs d’apocalypse qui construisent les enquêtes policières : 55 de fièvre, qui se déroule en 1955, et Piano Barjo en 56, année de l’indépendance, qui devait s’intituler 56 à l’ombre). En troisième acte, scènes de ménage sanctionnées, divorce prononcé, deux récits d’une noirceur sans lune qui conjuguent un passé recomposé et un présent décomposé.

Fondu au noir.

Tito Topin
Tito Topin

 

 

 

 

 

Extrait de 55 de fièvre :

"Huit heures du matin. Casablanca réveillée par les arroseuses municipales. Casablanca bordée par des piscines hollywoodiennes, traversée par de puissantes artères qu'empruntent de longues américaines aux intérieurs roses, ombragée par des skyscrapers dressés comme des mirages ondulants dans la fournaise. Casablanca bourdonnant de ses petits métiers que la fête nationale d'aujourd'hui ne dissuade pas de travailler. Rémouleurs. Vieux habits. Vieux journaux. Petits cireurs. Raccommodeurs de porcelaine. Casablanca avec des enseignes de néon torturées par la calligraphie arabe, écrasée par la lumière barbare qui explose contre les murs chaulés, apeurée par l'écho brutal des crosses reposant sur l'asphalte mouillé. À la fois Manhattan prometteuse et jungle exubérante, la ville suait de trouille dans le cliquetis sinistre des chenilles de tanks et des automitrailleuses qui remontaient l'avenue…"

Laquelle est ma mère ?
Laquelle est ma mère ?

 

 

Extrait de Une femme d'une étourdissante beauté :

"Je n’ai qu’une seule photo, d’assez mauvaise qualité, où je suis avec ma mère. Il y a deux femmes sur la photo et j'ai peur de les confondre. Je dois avoir six ou sept ans, je suis coiffé comme un enfant sage, la raie à gauche bien droite, les cheveux plaqués sur le crâne. Sur la photo, je fixe l’objectif, tête baissée, sourcils froncés, le regard sans aménité. Le tricot à grosses côtes et gros boutons qui se ferment sur la gauche laisse supposer que nous sommes en hiver. Je tiens le guidon d’une bicyclette à deux mains, on aperçoit la roue avant et son pneu cranté, en caoutchouc plein. Derrière moi, un garçon plus âgé avec une casquette à l'ancienne sur une bouille ronde dont je n’ai aucun souvenir. Un cousin ? Un voisin ? Devant moi, un bébé dans une poussette, engoncé dans des vêtements chauds, un bonnet enfoncé jusqu’aux yeux, sûrement une fille.

Est-ce ma mère qui tient l’autre par l’épaule, comme deux amies de longue date, ou deux sœurs, ou deux cousines ? Elle est tête nue, la lumière lui mange le visage, elle ne laisse apparaître que le sourire, resplendissant. Elle porte une robe à col large avec des manches gigot. Elle est grande (je suis si petit), élégante et l’air assuré, elle pose avec fierté, sans doute à cause de moi. L’autre femme a un chapeau canaille penché sur un œil, le col fermé par une broche. Laquelle est ma mère ?"


Casablanca en 1955.
Casablanca en 1955.

Extrait de Le Jinome de Casablanca :

  Le martèlement des sabots fait trembler le sol. Le conducteur se dresse. Il saisit les rênes, les chevaux hennissent et mordent les crinières. La diligence s'arrête dans un nuage de poussière... La portière bat contre le flanc de la voiture... Le jinome saute à terre. Il époussette sa veste en daim, coiffe son chapeau d'un geste machinal et grimpe les quelques marches qui mènent au saloon. Aucune arme ne bat ses cuisses...

Au coin de la rue, deux gamins arabes m'écoutent avec des yeux grands comme des hulla-hoop.

Je leur fais signe, ils s'approchent, timides.

- C'est en couleurs? me demande le plus grand.

- Cent pour cent Technicolor, j'assure.

- Le jinome, l'est garanti américain? demande l'autre.

Je fais le geste de lui envoyer une baffe, comme si j'avais la tête à aller voir une saleté d'autre film.

Derrière moi, les volets s'entrouvrent légère­ment. Je devine la présence de la frêle Zoubida, la fille de Brahim, qui veut pas en perdre une miette.

Alors le jinome pousse la porte du saloon avec autant d'assurance que s'il avait un arsenal autour de la ceinture, toutes les têtes se tournent vers lui comme un champ de tournesols..

 

VOUS POUVEZ COMMANDER "SUITE MAROCAINE" PAR MAIL À : tito@titotopin.com

IL VOUS SERA EXPÉDIÉ PAR COLISSIMO DANS LES 5 JOURS.

A RÉCEPTION, ENVOYEZ UN CHÈQUE DE 24 EUROS A MON ADRESSE.